Dès 1936-1937, Hitler et son entourage ont mis un place un pillage massif d'oeuvres d'art. L'Europe n'avait pas connu, depuis les guerres de la Révolution et de l'Empire, un mouvement d'œuvres d'art aussi vaste. Durant la Seconde Guerre mondiale, on estime alors que 20% des œuvres d'art ont été changé de place.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un trafic des œuvres à l’échelle planétaire 

Ce sont des millions d'œuvres d'art qui ont été pillées sous l'Occupation allemande. La majorité de ces œuvres d'art étaient emmenées en Allemagne. 

 

Les nazis, sous le pouvoir d'Hitler et durant leur recherche aux œuvres d'art, poursuivaient trois principaux objectifs : élaborer un immense musée pour leur chef Hitler, à Linz (ville autrichienne qui est un symbole pour Hitler car il y a passé toute sa jeunesse) : le "Führer Museum". Les nazis voulaient également rassembler les œuvres majeures produites par des artistes venant d'Allemagne dans le Reich, et se servir des œuvres d'art dîtes "modernes" (les oeuvres qu'il ne voulait pas), comme monnaie d'échange, donc pour qu'Hitler s'enrichisse.  

 

C'est à partir de 1936/1937 que se met en place un grand trafic d'œuvres d'art.

Mais c'est seulement au commencement de la Seconde Guerre mondiale, en 1939, sous l'Occupation allemande que ce trafic s'intensifie. L'année suivante, en 1940, la France se rend alors compte des déroutantes réalités de cette Occupation allemande. La France se fait piller par ruse et fraude en masse par les services d'Hitler. Les francs-maçons, les opposants politiques et la communauté juive étaient la principale population que les nazies visaient. La spoilation de ces oeuvres d'art d'un immense renom se déroulait souvent avec l'aide de marchands et des commissaires-priseurs français. 

 

Otto Abetz, ambassadeur d'Allemagne dès 1940, pris la direction de ces opérations. Tout d'abord, il envoya des militaires allemands localiser et faire l'inventaire des célèbres œuvres d'arts appartenant à des familles aisées et de grande renommée comme les David-Weil ou les Wildenstein.

Ensuite, Otto Abetz les envoya pour dépouiller les juifs de leurs biens les plus précieux. Les nazis pillent donc la population concernée en volant leurs œuvres d'arts, ouvrages, documents qu'ils superposent dans des caisses. Les trouvailles sont alors dirigées au musée du Louvre ou à l'ambassade d'Allemagne.  

Pour ne pas se faire dépouiller, de nombreux marchands ou collectionneurs privés, qui sont notamment juifs, ont envoyé alors à l'étranger leurs biens en Suisse ou en Amérique.  

 

Au même moment, le 3 octobre 1940, sont ensuite misent en place les lois sur le statut des juifs du régime de Vichy. Ces lois antisémites visent à mettre à l'écart les juifs car ils sont  considérés, selon Hitler, comme des "bassines de la société" (des malades).  

Dès le 1er novembre 1941, les œuvres d'arts qui ont été confisquées par les nazis sont stockées au musée du Jeu de paume. Les chefs du IIIème Reich, averties de la situation à Paris de disputent déjà le butin. Des altercations éclatent entre les chefs du parti nazis. Chacun d'entre eux espère être à la tête du service de "Sauvegarde artistique des biens juifs". Une place qui permettrait de se servir en toute liberté et qui est donc importante à leurs yeux. 

 

Le plus dangereux des chefs nazis était Hermann Göring (Goering), un maréchal du grand Reich allemand. Cet homme fût commandant en chef de la Luftwaffe et ministre de l'air. Hermann Göring fût, sous le IIIème Reich, le second personnage politique de l'Etat allemand, après Hitler. C'est un homme doté d'une grande autorité et efficacité, et qui était le bras droit d'Hitler.

L'ERR (Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg) dirigée par Alfred Rosenberg sous le service d'Hitler passa sous l'autorité directe de Goering. Hermann Goering saisit cette opportunité et en profita alors pour alimenter sa collection personnelle d'œuvres d'art. Toutes ses œuvres constituaient le catalogue Göring. 

Il décida de désigner alors le représentant de France de l'ERR, le baron Kurt Von Behr qui s'installa donc au musée du Jeu de paume et doit ainsi s'assurer du bon déroulé des opérations. 

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La collection d'oeuvres de Göring

 

Les nazis n'ont pas pillé qu'en Europe, ils se sont également attaqué aux pays de l'Est conquis. Adolf Eichmann, haut fonctionnaire du Troisième Reich, officier SS Obersturmbannführer et membre du parti nazi, venu en 1944 diriger la déportation des juifs de Hongrie a réussi à mettre la main sur une grande collection de nombreux tableaux appartenant à un baron hongrois, Ferenc Hat-vany. Adolf Eichman accorde donc à Hat-vany un visa de sorti, ce qui lui évitait d'aller dans des camps de concentration, mais en échange de toute sa grande collection d'œuvres d'art, ce que Hat-vany acceptera. 

En 1945 Eichmann, à l'arrivée des Russes en Hongrie, se sauve et est donc contraint d'abandonner ses œuvres d'art. Mais en 1960, Eichmann est retrouvé en Argentine par des agents du Mossad et est exécuté en Israël, en 1961. Les tableaux de Hatvany ont donc été récupérés par une unité spécialisée de l'Armée Rouge, qui s'appelle « Brigade des trophées », et ces tableaux se trouvent aujourd'hui à Moscou, au Centre de conservation des arts.  

 

Le catalogue de Göring 

Le musée du Jeu du Paume devient donc le dépôt central. Toutes les œuvres volées par les nazis s'y retrouvaient avant de se diriger vers diverses destinations en Allemagne. Ces œuvres accumulées constituent le catalogue Goering. Le catalogue Göring (ou Goering) est un manuscrit tenu jour après jour par les services d'Hermann Göring. Ce manuscrit donne la liste de toutes les œuvres d'art qui rentrent dans les collections personnelles de ce personnage. Ce catalogue contient près de 1376 tableaux, 250 scultures et 168 tapisseries et est stocké aux archives du Quai d’Orsay. Ce catalogue contient également de nombreuses oeuvres d'art venant de grands artistes comme Poussin, Rubens, Cranach l’Ancien, Fragonard ou encore Watteau.

 

Les services de Goering lui organisaient régulièrement des expositions privées au Jeu de Paume, où toutes les oeuvres volées étaient exposées. Göring avait également comme envie d'orner les murs de Carinhall, son immense résidence située à 40 km au nord de Berlin, pour l'embellir. 

C'est Adolf Hitler qui donnera à Hermann le grade de "Reichsmarschalln", le 19 juillet 1940. Le Reichsmarschalln est, dans les forces armées de l'Allemagne nazie, le plus haut rang après la fonction d'Hitler qui est le "commandant suprême". Ce qui montre toute la puissance de cet important personnage : Göring.

 

Ce catalogue a finalement été évacué en 1945, avec les œuvres d'art vers le sud de l'Allemagne, vers la résidence du Führer. C'est Rose Valland qui réussira à mettre la main sur ce catalogue (voir article sur Rose Valland). 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La salle de réception du Carinhall, résidence de Goering

 

Pour les oeuvres dîtes "modernes" ou "dégénérées", celles qu'Hitler ne souhaite pas garder, c'est Rose Valland qui les verra brûler. Elle verra passer sous ses yeux des chefs d'oeuvres comme ceux de Renoir, Monet, Rembrandt, et comme Goya, de la famille Rothschild. C'est alors en cachette, que Rose Valland informe Jacques Jaujard, directeur des Musées nationaux car Jaujard est en contact avec des réseaux de Résistance. Rose Valland dressera donc elle-même la liste des œuvres spoliées par les nazis. Un geste qui aura eu une grande importance. 

 

 

On estime qu'environ 60 000 œuvres d'art ont été rendues à la France à la fin de la Seconde Guerre mondiale et des dizaines de milliers d'œuvres ont été restituées à leurs propriétaires. Mais au dépit des premières décisions mises en place en 1945 pour retrouver et restituer ces oeuvres d'art volées, beaucoup d'entre elles n'ont pas été recupérées et sont malheureusement restées dans des mains publiques et privées.